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Le Paradis
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PREMIÈRE PARTIE :

L’instantané « Monaco en films », issu des collections de l’Institut, suivi d’un court métrage :

La Matelassière d’Alain Cavalier (France, 1987, couleur, 12 min.).

« Tant que j’ai la force, je travaille. Mon docteur, il me dit : “vous mourrez au travail, Madame Bouvrais”. Et je le crois, parce que c’est ma vie, ça. »

LE PARADIS de Alain Cavalier

France, 2014, couleur, 70 min.

Réalisation et scénario : Alain Cavalier. Collaboration scénaristique : Françoise Widhoff. Son : Florent Lavallée. Graphiste : Aliocha Fano Renaudin. Production : Camera One.

L’HISTOIRE

Depuis l’enfance, j’ai eu la chance de traverser deux mini-dépressions de bonheur et j’attends, tout à fait serein, la troisième. Ça me suffit pour croire en une certaine beauté de la vie et avoir le plaisir de tenter de la filmer sous toutes ses formes : arbres, animaux, dieux, humains... et cela à l’heure où l’amour est vif. L’innocence, le cinéaste en a perdu une partie. C’est si délicat à repérer autour de soi, si difficile à ne pas perdre au tournage. Ma reconnaissance va à ceux que vous regarderez à l’écran. Pour tenir tête au temps, j’ai une parade qui est de fouiller dans mon stock d’émotions et d’images anciennes. Non pour retrouver ce qui ne reviendra pas mais pour deviner dans l’hiver les signes du printemps. Cela permet de recommencer encore une journée d’un pas aisé.

Alain Cavalier

CRITIQUE

Alain Cavalier ne cavale plus le monde mais arpente sa maison, son jardin et les quelques fourrés, vallons, bois alentour. Pas très loin de Godard en cela, il a fait de sa vieillesse une ancre topologique : je filme où mon corps habite ; le paysage qui m’environne suffit à faire théâtre, cirque, plateau. Le compas, et peut-être même la vue d’un homme de 83 ans, ne portent plus très loin, mais l’intensité avec laquelle il regarde et embrasse les choses proches semble un privilège exclusif à la vieillesse. Mais que voit-il ? Le Paradis, toute contradiction bue, est un éloge du réel. Pas un sermon : tout occupé à sa fiction en bouts de ficelle, merveilleuse et fragile, comme dressée depuis l’enfance sur les tréteaux d’une nature imaginative, Cavalier nous dispense de tout discours sur la frivolité coupable d’un monde qui noierait la réalité sous un déluge virtuel d’informations et de divertissements.

Olivier Séguret, Libération, 8 octobre 2014.

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