PREMIÈRE PARTIE :
L’instantané « Monaco en films », issu des collections de l’Institut.
LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT
de François Truffaut
France, 1971, couleur, 132 min.
Réalisation : François Truffaut. Scénario : François Truffaut, Jean Gruault d’après le roman de Henri-Pierre Roché. Dialogues : François Truffaut, Jean Gruault. Image : Nestor Almendros. Son : René Levert. Musique originale : Georges Delerue. Décors : Michel de Broin. Costumes : Gitt Magrini. Montage : Yann Dedet. Production : Les Films du Carrosse, Cinétel, Simar Films. Avec : Jean-Pierre Léaud (Claude Roc), Kika Markham (Anne), Stacey Tendeter (Muriel), Sylvia Marriott (Madame Brown), Marie Mansart (Madame Roc), Philippe Léotard (Diurka), Mark Peterson (Monsieur Flint), Georges Delerue (l’homme d’affaires), Irène Tunc (Ruta), Marie Iracane (la servante de Madame Roc), Marcel Berbert (le marchand d’art).
L’HISTOIRE
Fin du XIXe siècle. À Paris, une jeune Anglaise, Anne, rencontre le fils d’une amie de sa mère et l’invite dans sa famille en Angleterre. Entre Anne et sa sœur Muriel, Claude vit un séjour enchanteur. C’est presque à son corps défendant qu’il tombe amoureux fou de Muriel et qu’il lui propose de l’épouser. La mère de Claude intervient et exige un an de séparation afin d’éprouver les sentiments des jeunes gens. Rentré à Paris, Claude oublie son amour auprès de nombreuses conquêtes et finit par rompre son engagement. Entre-temps, Muriel, qui avait accueilli avec indifférence la demande de Claude, s’est embrasée de passion.
CRITIQUE
La grande réussite de Deux Anglaises et le continent de François Truffaut vient justement de ceci que ce cinéaste réservé et secret se livre avec une sincérité plus déchirante sous le double alibi de l’adaptation d’un roman et d’une transposition dans le temps. (…) Comme il l’avait déjà maintes fois prouvé, Truffaut est singulièrement habile à montrer les troubles adolescents, les amères douceurs de la découverte de l’amour, le malaise et la rage des désirs domptés, la rigueur de passions exigeantes et sévères : le sang qu’il nous montre longuement dans un lit nuptial n’est pas provocation mais aveu. L’amour est pour lui blessure et déchirure. S’il consent à faire se lever les orages tant désirés du plaisir, du bonheur, c’est pour vite les étouffer dans les cendres de Jules et Jim et le sang des Deux Anglaises. Nul en tout cas ne sait mieux dire le malheur d’aimer.
Pierre Billard, Journal du dimanche, 5 décembre 1971.