PREMIÈRE PARTIE :
Rencontre avec le Musée départemental Albert-Kahn.
Présentation d’autochromes et de films réalisés à Monaco et à Roquebrune-Cap-Martin
pour la collection « Les Archives de la Planète », projet philanthropique d’inventaire visuel du monde développé par le banquier mécène Albert Kahn, à partir de 1909.
Intervention d’Anthony Petiteau, chef de l’unité Conservation, documentation, recherche du Musée départemental Albert-Kahn.
En partenariat avec l’Amca, Association monégasque pour la connaissance des arts.
LA VIE CRIMINELLE D’ARCHIBALD DE LA CRUZ
de Luis Buñuel
Ensayo de un crimen - Mexique, 1957, noir et blanc, 90 min., vostf.
Réalisation : Luis Buñuel. Scénario et dialogues : Luis Buñuel et Eduardo Ugarte d’après le roman Ensayo de un crimen de Rodolfo Usigli. Image : Agustín Jiménez. Son : Rodolfo Benitez. Musique originale : Jorge Pérez. Direction artistique : Manuel L. Guevara, Jesús Bracho. Costumes : Jesús Lepe. Montage : Luis Buñuel, Jorge Bustos, Pablo Gómez. Production : Alianza Cinematográfica. Avec : Ernesto Alonso (Archibald de la Cruz), Miroslava Stern (Lavinia), Rita Macedo (Patricia Terrazas), Ariadna Welter (Carlota), Andrea Palma (Madame Cervantès), Rodolfo Landa (Alejandro Rivas), José María Linares Rivas (Willy Cordurán), Rafael Blanquells (Archibald enfant).
L’HISTOIRE
Alors qu’il était tout enfant, Archibald a vécu une bien étrange aventure : sa jeune et jolie gouvernante lui avait raconté que la boîte à musique offerte par sa mère avait le pouvoir extraordinaire de donner la mort à celui ou à celle dont on souhaitait se débarrasser. Par jeu, Archibald avait pensé très fort à la mort de la gouvernante et celle-ci s’était immédiatement effondrée, abattue par la balle perdue d’un révolutionnaire. Devenu adulte, Archibald retrouve, dans un magasin d’antiquités, la boîte à musique qui lui rappelle le délicieux cadavre de la jeune gouvernante, la robe remontée très haut sur de magnifiques jambes. Et c’est alors qu’Archibald conçoit l’étrange projet de tuer toutes celles qu’il aimera, grâce au pouvoir de la petite boîte magique.
CRITIQUE
Buñuel excelle toujours dans l’observation clinique des grandes névroses. En Archibald, il a visiblement trouvé un frère heureux, comblé, dont le délire peut s’exprimer en toute satisfaction puisque socialement, il reste un homme respectable, « un homme comme les autres », souligne le dialogue. Archibald est un produit luxueux de cette société où l’envie de meurtre est autorisée, pour ne pas dire encouragée. Et bien que la conclusion du film nous révèle un héros vierge de tout crime véritable, Buñuel en tire une conclusion sereinement immorale que j’énoncerais ainsi : puisque la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions, celle du paradis l’est sans doute de mauvaises.
Robert Benayoun, Demain, 3 octobre 1957.